Samedi 15 novembre
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Par Erika Sauw (Auteure)
Oublions ce bandeau qui vous dit que si vous avez aimé « Cinquante nuances de Grey », vous adorerez la sulfureuse trilogie d'Anne Rice. Ces deux œuvres n'ont rien à voir, à part que c'est de la
littérature érotique. Et d'abord, Anne Rice est une vraie femme de lettres, ce qui se voit dès les premières lignes.
L'histoire commence comme le conte de La Belle au bois dormant : le Prince parvient à se frayer un chemin jusqu'à son château, pénètre dans sa chambre puis... découpe ses vêtements et la pénètre.
C'est ainsi qu'il la réveille. Il paraît que la version originelle se présentait ainsi, loin du chaste baiser (j'ai été voir sur Wikipédia). Tout le reste du récit suit les fantasmes d'Anne Rice.
Le Prince s'avère être le fils d'une puissante reine dont les parents de la Belle sont des vassaux. En échange du service rendu, il demande d'emmener la Belle. Elle restera nue jusqu'à la fin du
récit et sera entièrement soumise à sa volonté. Pour commencer, il la conduira jusqu'à un village où il l'exposera comme un gibier. Il permettra même à un vieux de lui toucher le sexe. Si vous
trouvez cela scandaleux, il vaut mieux vous arrêter, voire ne pas entamer du tout ce récit, parce que vous n'êtes pas au bout de vos peines. Rien ne sera épargné à la Belle : aucune
humiliation, aucune violence. Les fessées pleuvront dru et les larmes couleront à flots. Au moins, l'égalité des sexes est respectée : de nombreux princes et princesses issus de pays vassaux
viennent chez le Prince et sont soumis au même traitement. C'est pour leur bien. « L'esclavage de la Belle est délicieux, sensuel et, au bout du compte, libérateur », explique Anne Rice dans sa
préface. Mouais, on peut être d'accord... Mais là, franchement, ça va loin.
Et pourtant, l'atmosphère enchantée des contes est respectée. Le château du Prince est peuplé de magnifiques seigneurs et d'élégantes dames. L'écriture raffinée et poétique d'Anne Rice nous donne
l'impression d'évoluer dans un rêve. Le Prince ne soumet pas la Belle par la brutalité, mais plutôt par le poids de son autorité. Jamais il n'élève la voix. Sa mère, en revanche - comme dans le
conte - semble bien plus rude, mais on la voit peu.
J'aurais adoré ce livre s'il y avait eu moins de fessées. Je n'en regrette pas du tout la lecture et je la conseille à tous ceux qui veulent découvrir un œuvre érotique atypique, totalement hors
normes, qui veulent explorer les fantasmes d'un grand écrivain. Sautez seulement certaines scènes de fessées, si elles vous lassent.
Il y a deux autres livres, que je n'ai pas lus. Peut-être aurais-je été subjuguée si j'avais terminé cette trilogie, mais j'en resterai au premier livre.